Les dessous de la procrastination : pourquoi on repousse le rangement
Dans un monde où l’efficacité et la productivité sont souvent érigées en vertus suprêmes, la procrastination demeure un phénomène persistant et parfois mystérieux. Parmi les tâches que nous avons tendance à reporter, le rangement occupe une place de choix. Pourquoi est-il si difficile de se mettre à ranger ? Quels sont les mécanismes psychologiques qui nous poussent à repousser cette tâche pourtant nécessaire ? Hannah Sembély, experte en développement personnel et créatrice d’une formation populaire sur la plateforme en ligne “La Clairière“, nous offre un éclairage fascinant sur les dessous de la procrastination en matière de rangement.
La nature complexe de la procrastination
Contrairement à la croyance populaire, la procrastination n’est pas simplement une question de paresse ou de manque de volonté. Hannah Sembély explique que c’est un phénomène complexe, enraciné dans nos émotions et notre psychologie. “La procrastination est souvent une réponse à des émotions négatives associées à une tâche particulière”, explique-t-elle. “Dans le cas du rangement, ces émotions peuvent être l’ennui, la frustration, ou même l’anxiété face à l’ampleur de la tâche.”
Sembély souligne que la procrastination peut également être une forme d’autorégulation émotionnelle dysfonctionnelle. En repoussant une tâche que nous percevons comme désagréable ou stressante, nous obtenons un soulagement à court terme. Cependant, ce soulagement est temporaire et souvent suivi de sentiments de culpabilité et d’anxiété accrue à mesure que la tâche reportée s’accumule.
Dans sa formation, Hannah Sembély utilise l’exemple d’une de ses étudiantes, une jeune mère de famille qui se sentait constamment dépassée par le désordre dans sa maison. Chaque fois qu’elle envisageait de commencer à ranger, elle était submergée par l’anxiété et finissait par repousser la tâche, ce qui ne faisait qu’aggraver le problème et son stress.
Le paradoxe du perfectionnisme
Un facteur souvent méconnu de la procrastination en matière de rangement est le perfectionnisme. Hannah Sembély explique que de nombreuses personnes repoussent le rangement parce qu’elles ont une vision idéalisée de ce à quoi leur espace devrait ressembler. “Le perfectionnisme peut être paralysant”, dit-elle. “Si nous pensons que nous devons tout ranger parfaitement en une seule fois, la tâche peut sembler insurmontable, ce qui nous pousse à la reporter.”
Ce paradoxe du perfectionnisme est particulièrement prononcé à l’ère des réseaux sociaux, où nous sommes constamment exposés à des images d’intérieurs parfaitement organisés et esthétiques. Hannah Sembély souligne que ces images, bien qu’inspirantes, peuvent créer des attentes irréalistes et alimenter notre tendance à procrastiner.
Elle partage l’histoire d’un de ses étudiants, un jeune professionnel qui avait l’habitude de passer des heures à planifier des systèmes de rangement complexes, mais qui finissait toujours par repousser la mise en œuvre. Il a appris à adopter une approche plus réaliste et progressive du rangement, ce qui lui a permis de surmonter sa tendance à la procrastination.
L’impact du surplus cognitif
Un autre aspect fascinant exploré dans sa formation est l’impact du surplus cognitif sur notre tendance à procrastiner en matière de rangement. Dans notre monde moderne, nous sommes constamment bombardés d’informations et de stimuli, ce qui peut conduire à une surcharge cognitive.
“Lorsque notre cerveau est surchargé, il devient plus difficile de prendre des décisions et d’initier des actions”, explique Hannah Sembély. “Le rangement implique de prendre de nombreuses micro-décisions – que garder, que jeter, où placer chaque objet – ce qui peut être particulièrement épuisant lorsque nous sommes déjà en état de surcharge cognitive.”
Cette surcharge peut nous pousser à repousser le rangement en faveur d’activités qui semblent moins exigeantes mentalement, comme regarder la télévision ou scroller sur les réseaux sociaux. Hannah Sembély souligne cependant que ces activités, bien qu’elles puissent sembler reposantes sur le moment, contribuent souvent à augmenter notre surcharge cognitive à long terme.
Elle propose dans sa formation des techniques pour réduire le surplus cognitif, comme la pratique de la pleine conscience et la mise en place de périodes de “détox digitale”. Un de ses étudiants, un entrepreneur stressé, a constaté une amélioration significative de sa capacité à s’attaquer aux tâches de rangement après avoir intégré ces pratiques dans sa routine quotidienne.
La peur du changement et de lâcher prise
La procrastination en matière de rangement peut également être liée à une peur plus profonde du changement et de lâcher prise. Hannah Sembély explique que nos possessions sont souvent chargées de significations émotionnelles et symboliques. “Se débarrasser d’objets peut être une expérience émotionnellement chargée”, dit-elle. “Cela peut impliquer de lâcher prise sur le passé ou de faire face à des aspects de nous-mêmes que nous ne sommes pas prêts à affronter.”
Cette peur peut nous pousser à repousser indéfiniment le rangement, car commencer signifierait confronter ces émotions difficiles. Hannah Sembély partage l’histoire d’une de ses étudiantes qui avait du mal à se débarrasser des affaires de son ex-mari longtemps après leur divorce. En travaillant sur les émotions sous-jacentes, cette étudiante a finalement pu affronter la tâche de ranger et de se débarrasser de ces objets, ce qui a été une étape importante dans son processus de guérison.
Hannah Sembély souligne que le rangement peut être une forme puissante de thérapie, nous permettant de faire face à nos émotions et de créer de l’espace pour de nouvelles possibilités dans notre vie. Cependant, elle reconnaît que ce processus peut être difficile et encourage ses étudiants à être patients et compatissants envers eux-mêmes.
Le rôle des habitudes et des routines
Un aspect crucial de la procrastination exploré dans sa formation est le rôle des habitudes et des routines. “La procrastination est souvent une habitude profondément ancrée”, explique-t-elle. “Nous avons développé des schémas de comportement qui nous poussent à repousser certaines tâches, et ces schémas peuvent être difficiles à briser.”
Elle souligne que nos habitudes sont fortement influencées par notre environnement. Si nous vivons dans un espace constamment désordonné, il devient plus facile de continuer à repousser le rangement, car c’est devenu notre “normalité”. À l’inverse, maintenir un espace rangé peut devenir une habitude positive qui s’auto-renforce.
Elle propose dans sa formation des stratégies pour créer de nouvelles habitudes de rangement, en s’appuyant sur les principes de la psychologie comportementale. Par exemple, elle suggère de commencer par de petites tâches de rangement quotidiennes et de les associer à des activités agréables pour créer une association positive.
Un exemple qu’elle partage est celui d’un étudiant qui a réussi à surmonter sa tendance à procrastiner en matière de rangement en instaurant une routine de “5 minutes de rangement” chaque soir avant de regarder sa série préférée. Au fil du temps, cette petite habitude a conduit à des changements significatifs dans son environnement et sa relation au rangement.
L’impact du stress et de l’épuisement
Le stress et l’épuisement jouent également un rôle important dans notre tendance à procrastiner en matière de rangement. Hannah Sembély explique que lorsque nous sommes stressés ou épuisés, notre capacité à faire face à des tâches qui demandent de l’effort, comme le rangement, est considérablement réduite.
“Le stress chronique épuise nos ressources mentales et émotionnelles”, dit-elle. “Quand nous rentrons chez nous après une longue journée de travail stressante, la dernière chose que nous voulons faire est de nous attaquer à une pile de désordre.”
Paradoxalement, cet évitement peut créer un cercle vicieux. Le désordre augmente notre stress, ce qui nous rend moins capables de nous y attaquer, ce qui à son tour augmente le désordre et notre stress. Hannah Sembély souligne l’importance de briser ce cycle en abordant à la fois le stress et le désordre.
Elle propose dans sa formation des techniques de gestion du stress et d’auto-compassion pour aider ses étudiants à mieux faire face à ces défis. Une de ses étudiantes, une infirmière travaillant de longues heures, a constaté une amélioration significative de sa capacité à maintenir un espace rangé après avoir intégré des pratiques de réduction du stress dans sa routine quotidienne.
La quête de la motivation parfaite
Un autre piège courant que Hannah Sembély identifie est l’attente de la “motivation parfaite” pour commencer à ranger. “Beaucoup de gens pensent qu’ils doivent se sentir motivés ou inspirés pour commencer à ranger”, explique-t-elle. “Ils attendent ce moment magique où ils auront soudainement envie de tout nettoyer et organiser.”
Cependant, Hannah Sembély souligne que cette approche est souvent contre-productive. La motivation, explique-t-elle, suit souvent l’action plutôt que de la précéder. En d’autres termes, c’est en commençant à ranger, même sans en avoir envie, que nous générons la motivation pour continuer.
Elle encourage ses étudiants à adopter ce qu’elle appelle la “règle des deux minutes”. L’idée est de s’engager à ranger pendant seulement deux minutes. Souvent, une fois que nous avons commencé, nous trouvons la motivation pour continuer au-delà de ces deux minutes initiales.
Un exemple frappant qu’elle partage est celui d’un étudiant qui avait l’habitude de repousser le rangement de son bureau pendant des semaines. En adoptant la règle des deux minutes, il a réussi à transformer progressivement cette tâche redoutée en une habitude quotidienne facile à gérer.
L’influence de notre environnement social
Hannah Sembély met également en lumière l’influence de notre environnement social sur notre tendance à procrastiner en matière de rangement. “Nos habitudes sont fortement influencées par les personnes qui nous entourent”, explique-t-elle. “Si nous vivons ou travaillons avec des personnes qui ont tendance à repousser le rangement, il est plus probable que nous adoptions le même comportement.”
À l’inverse, être entouré de personnes organisées peut nous motiver à maintenir un environnement plus ordonné. Hannah Sembély encourage ses étudiants à réfléchir à leur environnement social et à chercher des moyens de s’entourer d’influences positives en matière d’organisation.
Elle partage l’histoire d’un couple qui suivait sa formation. L’un des partenaires avait tendance à procrastiner en matière de rangement, tandis que l’autre était naturellement organisé. En travaillant ensemble sur les exercices de la formation, ils ont réussi à créer un système de soutien mutuel qui a aidé le partenaire procrastinateur à développer de meilleures habitudes de rangement.
Conclusion : Vers une approche compatissante du rangement
En conclusion, la formation d’Hannah Sembély sur “La Clairière” nous rappelle que la procrastination en matière de rangement est un phénomène complexe, enraciné dans nos émotions, nos habitudes et notre environnement. Comprendre les mécanismes sous-jacents de cette tendance à repousser le rangement est la première étape pour la surmonter.
Hannah Sembély encourage une approche compatissante et progressive du rangement. Plutôt que de nous culpabiliser pour notre tendance à procrastiner, elle nous invite à explorer avec curiosité les raisons derrière ce comportement et à développer des stratégies adaptées à notre situation unique.
“Le rangement n’est pas seulement une question d’organisation physique”, conclut-elle. “C’est aussi un acte d’auto-soin et de respect envers nous-mêmes et notre espace de vie.” En abordant le rangement avec cette perspective, nous pouvons transformer cette tâche souvent redoutée en une opportunité de croissance personnelle et de bien-être accru.
Alors la prochaine fois que vous vous surprendrez à repousser une tâche de rangement, rappelez-vous que vous n’êtes pas seul. Prenez un moment pour réfléchir aux émotions et aux pensées qui sous-tendent cette procrastination. Avec de la patience, de la compassion et les bonnes stratégies, vous pouvez surmonter cette tendance et créer un environnement qui soutient votre bien-être et votre épanouissement.