Enfant intérieur : le rencontrer et le guérir
Il vous est sans doute déjà souvent arrivé de vous demander devant une situation complexe : que ferait l’enfant que j’étais à 7 ans devant une telle problématique ? Ou encore, en regardant des enfants interagir entre eux, de rêver secrètement d’être comme eux, d’avoir leur pureté, de redevenir l’enfant qui a été enfoui au fond de vous au fil du temps.
Est-ce ce que l’on appelle l’enfant intérieur ? Oui et non. Il y a de ça, mais c’est un peu plus précis que cela. On s’intéresse aujourd’hui à ce concept d’enfant intérieur auquel la psychologie fait souvent appel.
Qu’est-ce que l’enfant intérieur ?
Il n’est pas simple d’en donner une définition, car il existe de nombreuses variations qui suivent les différents types de psychologies et de psychologues. Mais cela n’est pas grave du tout, car cette petite difficulté reflète exactement celle que l’on a à « saisir » un enfant. C’est quaisment impossible de le faire, car la beauté des enfants est qu’ils sont en perpétuel transformation, car ils réagissent spontanément au monde toujours changeant qui les entoure.
Premier constat donc : l’enfant intérieur d’aujourd’hui sera différent demain. Ce qui compte, c’est de savoir qu’on en a un et d’être en mesure de le rencontrer lorsqu’on le souhaite.
Pour vous donner tout de même un semblant de définition, disons que notre enfant intérieur est la part d’enfant en nous que l’adulte que nous sommes fait taire. Dès lors, il parait logique de se dire que si on est en mesure de libérer cet enfant intérieur, on pourra alors retrouver notre véritable essence, notre créativité, notre spontanéité et être donc pleinement nous-même.
Voilà qui est tentant en effet, mais comment parvient-on à se reconnecter à ce petit être que nous étions des années auparavant ? Quelques pistes de réponses dans le paragraphe qui suit.
Rencontrer son enfant intérieur
Avant de commencer, il nous faut préciser d’entrée de jeu une chose très importante : Rencontrer son enfant intérieur ne signifie en aucun cas de retomber en enfance ! On ne va nullement jouer à l’enfant ou agir de manière enfantine, on ne parle pas du tout ici d’infantilisation.
Ce rappel extrêmement important étant fait, commençons à nous préparer à le rencontrer, ce fameux enfant intérieur.
Les postures
Rencontrer son enfant intérieur, c’est exactement comme rencontrer un enfant dans la vie de tous les jours. Généralement, quelle est la première chose que l’on fait ? On se met à son niveau, on plie les genoux et on s’approche doucement. Souvent aussi, on parle avec une voix plus douce. Rencontrer un enfant tient beaucoup de l’apprivoisement puisqu’il est difficile au début de prévoir ses réactions.
Seul(e) chez soi, ou avec un thérapeute, la première chose à faire est donc de se mettre dans une position qui va favoriser la rencontre.
Le pardon
Ensuite, il n’est pas possible d’engager tout de suite le dialogue, car l’enfant ne nous connait pas et se demande qui l’on est. Il faut alors expliquer qui nous sommes, et pourquoi nous avons été absents pendant tout ce temps, pourquoi nous n’avons pas pris soin de lui.
À ce stade, on éprouve souvent le besoin de littéralement demander pardon pour cet abandon, et c’est une étape majeure de ce processus qu’il ne faut pas manquer. C’est seulement Aprilès avoir ainsi préparé les choses pour chacun des interlocuteurs : l’adulte que l’on est devenu et notre enfant intérieur, que l’on peut espérer établir un dialogue.
Le dialogue
Ensuite, faites comme si vous jouiez une pièce de théâtre, parlez avec votre enfant intérieur.
Oui, au début, on se sent un peu ridicule. C’est normal. Cela signifie simplement que l’on a du mal à accepter cette part d’enfant en nous. Continuez. D’abord dans votre tête, mais aussi à voix haute si vous le pouvez. Cela n’est pas fou du tout, c’est simplement un exercice.
Pour faciliter les choses, posez des questions : comment vas-tu ? aimerais-tu qu’on fasse connaissance ? que faisais-tu avant que je vienne te parler ?
Les émotions
Dans le cadre d’une thérapie, il vous sera alors demandé de dessiner. Si vous êtes à l’aise avec cette pratique vous pouvez aussi le faire chez vous bien sûr.
Globalement, demandez à votre enfant intérieur de dessiner l’adulte que vous êtes. Observez-vous avez des yeux d’enfants, les vôtres, quelques années plus tôt. Demandez à l’enfant de représenter la colère, la tristesse, la solitude, puis plus tard la joie, le bonheur, la fierté, le bien être.
La relation
Maintenant que la rencontre avec votre enfant intérieur a eu lieu, il est temps d’établir une relation entre cet enfant et vous-même, l’adulte, donc le parent. Prenez le temps de jouer avec lui, de l’écouter, d’aller lui psoer des questions, regardez-le, il est une grande source d’inspiration.
Ce que nous exprimons ici en quelques paragraphes est un processus qui, dans la réalité, peut prendre du temps. Certaines étapes peuvent être faciles à franchir alors que d’autres vont demander plus de temps, c’est normal. Il n’y a aucune urgence. Connaître son enfant intérieur et chercher à établir une relation avec lui est déjà immense. Le temps que cela va prendre a peu d’importance, il n’y a aucune date de péremption.
Guérir son enfant intérieur
Jusqu’ici nous avons évoqué la rencontre avec notre enfant intérieur, mais sans vraiment nous demander comment il va, dans quel état émotionnel nous allons le trouver. Et si cet enfant intérieur était blessé ? S’il était malade ? S’il était en larmes au moment où nous l’apercevons ? Que ferions-nous ?
Ces sensations, ces messages envoyés par notre enfant intérieur, nous les retrouvons dans nos inconforts, nos malaises. Est-ce que les larmes vous viennent aux yeux ? Votre estomac se noue-t-il ? Est-ce que vous rougissez ? Tous ces signaux, il nous faut les écouter, les décrypter, ce sont des émotions partagées par notre enfant intérieur.
Le docteur Marchgaret Paul explique parfaitement cette communication lorsqu’elle écrit : »… reconnaître que vous avez un enfant en vous et qu’il vous parle par l’intermédiaire de votre corps. Soyez attentif et disponible comme lorsqu’une enfant tire sur votre jupe ou sur votre jambe de pantalon, sauf que c’est en vous que cela se passe. »
Ensuite, au moment du dialogue et des questions posées, il faut accepter que cela puisse générer de la souffrance, que les réponses nous surprennent en nous faisant découvrir des facettes de notre être que nous avions ignorées jusque là. On réagit alors avec compassion, on conforte cet enfant blessé, on le console, on est l’adulte, on va arranger les choses.
, que les réponses nous surprennent en nous faisant découvrir des facettes de notre être que nous avions ignorées jusque là. On réagit alors avec compassion, on conforte cet enfant blessé, on le console, on est l’adulte, on va arranger les choses.
Ce jeu de questions et réponses entre l’adulte et l’enfant se déroule en nous, et nous en sommes l’acteur et l’observateur. Prenez soin de votre enfant intérieur comme vous le feriez avec tout enfant en souffrance que vous rencontrez dans votre vie adulte.
Petit à petit, la relation entre les deux va se préciser, s’étoffer, la communication va être plus facile et les blessures vont pouvoir guérir. Le dialogue intérieur qui s’instaure est le début de la guérison.
Ainsi, lentement, mais sûrement, les gestes que nous allons poser, les mots que nous allons dire, les actions que nous allons prendre pour aider cet enfant, bientôt, nous réaliserons que c’est envers nous que nous les posons, les disons, les prenons. Nous commençons à nous apprécier, à nous aimer.
Désormais, en nous, cohabitent un adulte qui a le sentiment d’être complet, de se prendre complètement en charge, et en enfant qui se sent en sécurité, qui a confiance et qui connait sa propre valeur. Nous sommes pleinement révélés et connaissons une harmonie source d’un infini bien être.
Pour aller plus loin
Il existe de très nombreux livres qui peuvent vous aider dans cette recherche de dialogue avec votre propre enfant intérieur. Il est difficile d’en recommander un plutôt qu’un autre puisque les contenus sont tous de même valeur, et le choix de l’un plutôt que l’autre dépend véritablement de l’écriture, du discours qui va plus ou moins vous toucher.
Ainsi, par exemple, Marchie-France et Emmanuel Ballet de Coquereaumont se reposent souvent sur la métaphore que représente l’enfant intérieur, car celui-ci représente vos besoins fondamentaux et votre pouvoir créatif. Si cela vous parle, foncez ! Ce sont les auteurs qu’il vous faut.
Si vous avez une base en psychologie analytique et/ou en psychothérapie, les écrits du psychiatre canado-américain Eric Berne sont pour vous. Ce sont des ouvrages assez denses, à lire une première fois et à consulter par la suite lorsque le besoin se fait sentir.
Autre incontournable du concept d’enfant intérieur : Moussa Nabati. Vous ne pouvez pas vous tromper, son livre le plus célèbre s’appelle tout simplement… » Guérir son enfant intérieur » !
Conclusion
Le travail effectué auprès de notre enfant intérieur est un outil puissant pour le développement personnel des adultes. C’est véritablement un cadeau à se faire à soi-même que de prendre le temps de créer ces liens, de prendre la main de l’enfant que nous étions. Nous n’avons pas toujours conscience de la souffrance que nous avons enfouie en nous et sur laquelle nous avons fermé la porte.
Même si ce processus peut être long, gardez cette idée en tête et développez votre propre version de ce cheminement. Les soins donnés à votre enfant intérieur peuvent varier selon la personnalité de chacun, n’ayez pas peur, faites un essai, vous en tirerez quelque chose, c’est certain.
C’est une belle occasion de comprendre pourquoi il est parfois difficile de conserver un certain équilibre dans notre vie de tous les jours. En tant qu’adultes, on crée parfois des personnages en oubliant en partie qui nous sommes réellement. Votre enfant intérieur fait partie de votre histoire, ne le laissez pas tomber à la façon d’une poupée avec laquelle on ne joue plus. Prenez le temps de ce dialogue intérieur, le ressenti est merveilleux !
C’est déjà la fin de notre article, mais ne pouvons pas vous quitter sans partager avec vous cette superbe citation de Moussa Nabati : »Les gens heureux sont ceux précisément qui, en raison de la présence en eux de cet ange gardien – à ne pas prendre évidemmenet au sens premier, littéral – jouissent d’une image saine d’eux-mêmes. »
À bientôt.