Je pense donc je suis – Cogito ergo sum
Lorsque l’on s’intéresse au développement personnel et au bien être de l’être humain, il est aussi très intéressant de se tourner vers la philosophie et les grands penseurs. Nous savons bien en effet que, le plus souvent, ce sont nos pensées qui impliquent tel ou tel comportement, nos raisonnements qui nous poussent à agir ainsi plutôt que comme cela. Aujourd’hui donc, nous avons décidé d’y regarder d’un peu plus près afin de découvrir ce que la philosophie peut nous apporter afin de mieux nous connaître et nous épanouir.
René Descartes
Nous commençons avec nul autre que le fameux René Descartes, l’auteur du célèbre : »Je pense donc je suis ». Qui était ce philosophe ? Et que voulait-il dire par cela ?
René Descartes est un mathématicien, physicien et philosophe français du 16ième siècle. Son ouvrage le plus célèbre s’intitule » Le discours de la méthode » dont le sous-titre est le suivant : »Pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences ».
Il faut, pour bien saisir l’ampleur de son apport, se replacer dans le contexte historique dans lequel il se trouvait lui-même. Lors de la Renaissance, c’est la pensée prélogique qui prévalait, c’est à dire une pensée étrangère aux règles de la logique. René Descartes fut donc à l’origine d’une révolution intellectuelle, lorsqu’il parla de »raison » et de »doute méthodique ». »Je pense donc je suis » sonne certainement comme une évidence de nos jours, mais à l’époque, c’était un concept totalement nouveau que le philosophe a dû défendre avec vigueur. Grâce à René Descartes, l’être humain commença à être vu comme un sujet pensant.
Mais le philosophe a été encore plus loin en définissant très précisément la logique de toute réflexion scientifique avec les étapes nécessaires à suivre afin d’aboutir aux résultats d’une méditation métaphysique. En d’autres termes, René Descartes a établi une méthode fondée sur la raison qui est applicable à toute chose afin de parvenir à la vérité. Le concept de vérité conduit à celui de certitude qui tout naturellement implique celui de doute. Cette notion était totalement nouvelle pour l’époque.
Ensuite, le grand penseur a recentré ses réflexions sur l’homme à propos duquel il a étudié les liens existant entre l’âme et le corps, essayant de définir ce que sont les passions et plus globalement de déterminer quels sont les éléments constitutifs du champ affectif humain.
C’est bien sûr en cela que son approche est extrêmement intéressante pour toute personne s’intéressant au développement personnel de l’être humain.
Pensée et développement de l’être
René Descartes ayant ouvert la porte à la philosophie moderne, de nombreuses personnes ont commencé à étudier l’homme et sa pensée. Parmi eux, Rudolf Steiner (1861 – 1925), fondateur de la pédagogie Waldorf, a plus précisément pris pour sujet le développement d’un enfant.
Rudolf Steiner
Au début de sa vie, le développement du jeune être humain dépend totalement de son environnement humain et sensoriel. Et son but est simple : devenir adulte. Pour ce faire, le petit homme dispose des trois systèmes qui composent l’humain :
- Moteur
- Rythmique
- Neuro-sensoriel
Et c’est seulement par un équilibre de ces trois éléments de départ qu’une personne se trouve en bonne santé physique et morale. Un corps capable de bien bouger pour exprimer la volonté de l’individu, ce dernier respirant, vivant et éprouvant des sentiments dont il prend conscience afin de développer ses connaissances et d’appréhender le monde extérieur.
Le doute méthodique
Mais revenons à Descartes et à la façon dont il a remis en doute tout ce qu’il savait. Il a tout d’abord constaté qu’il avait cru que certaines choses étaient vraies alors qu’elles étaient fausses et que donc, pendant un certain temps, il était dans l’erreur. Il s’est alors demandé si toutes les autres choses qu’il pensait être vraies l’étaient véritablement. Comment en être sûr ? Puisqu’on ne peut pas en être certain, il vaut donc mieux partir du fait que tout est faux et tenter de démontrer ce qui est vrai. Et ne tenir pour vrai que ce qui a pu être démontré.
En tant que scientifique, cela était tout à fait envisageable pour Descartes. Mais le philosophe en lui ajouta une nouvelle dimension à sa réflexion : la notion de perception. Et là, les choses devinrent un peu plus complexes.
En effet, si je pense que le ciel est bleu pâle, mais que voisin le voit plutôt gris, qui a raison ? Qui détient la vérité ? Tout le monde et personne. Tout le monde a raison et tout le monde a tort. La vérité absolue n’existe pas.
Dès lors, c’est uniquement la façon dont nous pensons voir les choses en fonction de notre personnalité, de notre éducation, de notre culture, de nos perceptions, de nos émotions qui les rendent vraies à nos yeux. Si nous ne pensons pas, si nous ne faisons que répéter par exemple, nous ne sommes pas nous-même, mais la copie de quelqu’un d’autre. En pensant de nous-même, nous devenons quelqu’un. En d’autres termes, on peut dire : »Je pense donc je suis ».
Réflexion au quotidien
Ce qui précède signifie-t-il que nous devons tout remettre en cause tout le temps ? Oui et non. Si l’on doute de tout en permanence, il y a de quoi devenir complètement fou. Il faut donc basée notre existence sur des vérités acquises qui servent de fondement à notre vie. On les acquiert généralement pendant l’enfance et l’adolescence. Elles constituent notre personnalité.
Par la suite, il faut conserver en tout temps, un esprit de découverte et ne pas avoir peur de se poser (et de poser aux autres) des questions. Une personne va pleinement s’épanouir si elle peut donner de la signification à ce qu’elle fait, si elle trouve une réponse aux questions qu’elles se posent, si elle ne cesse jamais d’élargir sa connaissance du monde qui l’entoure. Sans entrer trop souvent dans de grandes méditations métaphysiques comme le faisait René Descartes, il est important de garder un esprit alerte dans une société qui a tendance à brouiller les pistes.
En effet, à l’ère d’internet et de l’omniprésence dans nos vies des médias de toutes sortes, il est primordial de conserver un regard critique sut toute information que l’on nous transmet.
Questionner la vérité
Lorsque quelqu’un dit quelque chose et annonce que cette chose est la vérité, il y a plusieurs choses à faire avant de répéter ladite information.
Tout d’abord, il faut questionner la personne qui est à l’origine de cette information pour savoir comment elle est arrivée à cette conclusion. C’est ce que font les journalistes et les enquêteurs lorsqu’ils remontent à la »source » d’une information.
Ensuite, il faut prendre le total contrepied de ce qui vient d’être énoncé et voir si d’autres personnes pensent, en quelques sortes, le contraire. Juste pour entendre la façon dont elles ont pensé et réfléchi.
C’est seulement en ayant toutes ces données face à soi que l’on peut déterminer ce qui, pour nous, correspond à la vérité. Mais parfois, même avec tout cela, il est impossible de se faire une idée sur un sujet, car il ne faut jamais oublier que seule l’expérience que l’on en fait soi-même peut confirmer à 100% une donnée.
Prenons un exemple très simple pour résumer notre propos : si internet vous dit qu’il pleut aujourd’hui et que la radio annonce pour sa part du beau temps, vous allez tout naturellement regarder par la fenêtre pour vous faire une réelle idée de la météo du jour. Et bien ce principe élémentaire s’applique à toute information qui se présente à nous.
Expérience et réflexion sont ce qui constituent une personne à part entière.
Quelques citations intéressantes
La formule de René Descartes a fait l’objet d’une analyse détaillée par toutes les générations de penseurs depuis son apparition. Elle a aussi souvent, bien sûr, été un peu détournée, mais parfois de manière très intéressante, comme lorsque le célèbre humoriste Pierre Desproges déclare : »Je pense donc tu suis ». Par cette reformulation, il fait référence aux discours en général et aux discours politiques en particulier dont le seul objectif est d’amener les autres à penser la même chose que celui qui s’exprime. Cette mise en garde nous concerne tous et cette citation résume avec brio la nécessité de ne pas suivre le mouvement sociétal sans avoir au préalable penser par nous-même.
Puisque l’on vient d’évoquer le monde politique, il nous faut ici parler un peu des opinions. Lorsque deux personnes discutent un sujet, elles opposent des opinions. Certes. Et chacun a droit aux siennes bien entendu, la liberté d’expression étant un droit humain fondamental. Toutefois, c’est vers le sociologue américain Daniel Patrick Moynihan que nous nous tournons pour la citation suivante lorsqu’il rappelle : »Chacun a droit à ses opinions, mais les faits sont les mêmes pour tout le monde. » Une vérité qu’il ne faut jamais oublier en effet.
Conclusion
Les discussions basées sur la célèbre formule de Descartes : »Je pense donc je suis » sont sans fin et nous pourrions continuer à en parler et à en débattre dans cet article pendant de nombreuses pages. Le sujet de la pensée, des opinions, de la conscience des choses qui permettent à une personne de se développer et d’évoluer au sein du monde est incommensurable et extrêmement intéressant. Les philosophes sont là pour nous aider à mieux saisir l’essence de la vie, et nous vous invitons à lire leurs essais sans jamais toutefois oublier de revenir à vos sensations, car votre propre perception du monde est ce qui fait de vous un être unique, et donc précieux.