Pourquoi et comment tenir un journal créatif ?
Nous avons déjà, dans un précédent article, évoqué le journal créatif et nous vous avions parlé de l’approche de la québécoise Anne Marchie Jobin.
Aujourd’hui, nous voulons revenir sur cet outil fabuleux de thérapie par l’art qu’est le journal créatif pour mieux en décrire les effets et les bienfaits.
Le journal créatif plutôt que le journal intime
Peut-être avez-vous tenu par le passé (ou continuez-vous de tenir) ce que l’on appelle un journal intime. C’est très bien, et surtout si cela vous permet de mettre sur le papier des choses qui, sinon, resteraient enfermées en vous.
Mais il y a dans cette technique deux limitations.
Le seul média utilisé dans ce cas est l’écriture, or parfois, pour des choses plus profondément dissimulées en nous, il faut avoir recours à d’autres modes d’expression pour les extérioriser, et l’art est un moyen exceptionnel pour cela.
Lorsque nous écrivons ”art”, il faut le prendre au sens très large du terme. Nous disons plutôt créativité, expression artistique dans sa globalité.
La deuxième chose limitante avec le journal intime est justement qu’il est ”intime”. L’avantage du journal créatif est qu’il peut être partagé plus facilement si, à un moment donné de notre cheminement, on le désire.
Donc, tout en gardant le principe du ”journal” (ce rendez-vous quasi quotidien avec soi)’ le fait que celui-ci soit créatif ajoute des options intéressantes.
Pour d’autres personnes qui n’ont jamais écrit de journal, débuter par un journal créatif est souvent plus aisé, car il laisse une plus grande place à l’exploration.
Avec le journal intime, si vous êtes bloqué(e) sur la page blanche, cela peut durer longtemps et devenir frustrant.
Nous vous suggérons donc d’opter pour cette forme du journal créatif qui présente, de plus, de nombreux bienfaits comme nous en parlons dans les paragraphes suivants.
Première étape : savoir où j’en suis
Comme pour toute thérapie, il faut tout d’abord commencer par faire le point et savoir d’où l’on vient. Il faut donc faire une sorte de bilan.
Et cela se fait à travers des exercices qui varient selon la méthode que vous choisissez de suivre. Mais les objectifs demeurent les mêmes, à savoir :
- se détendre, prendre une pause, respirer, s’autoriser un moment à soi afin de pouvoir se reconnecter avec son être. Ce n’est pas toujours évident et cela peut prendre queqleus séances avant de véritablement se concrétiser. C’est okay, rien ne presse. Il faut un peu de temps pour changer de rythme et trouver le moyen de s’exprimer. Il est important à ce stade de tout s’autoriser, on ne censure rien. Même si un dessin ou un collage ne représente rien de tangible au moment où on le fait, il exprime quelque chose. On laisse faire, on laisse sortir ce qui veut sortir. On verra plus tard (si besoin) pour les interprétations. On laisse s’exprimer tout ce qui se présente.
- explorer des sentiments à qui on laisse peut-être peu de place dans notre quotidien, creuser un peu plus profond que d’habitude, les inviter à remonter à la surface pour aterrir sur la feuille de papier ou de carton, ou la toile si vous peignez. On voit parfois des larmes émerger lors d’ateliers créatifs, on les prend souvent pour de la rage, mais elles ont aussi une fonction de soulagmement, laissez-les couler.
- mieux se connaître et se comprendre. C’est parfois aussi simple qu’une couleur qui revient tout le temps dans nos créations. On ne s’en rend pas compte au début, puis cela nous frappe. On pense parfois que c’est juste une question de goût : J’aime le bleu, c’est tout ! Mais on réalise bien vite que cela correspond à un état d’esprit, à une période de notre vie, à un message qui vient du coeur, à l’énergie qui nous habite à ce moment précis.
- décrypter des émotions qui demeurent un peu mystérieuses. Pourquoi ai-je toujours en moi cette colère prête à surgir ? Pourquoi est-ce que je me mets à pleurer si facilement ? Pourquoi ai-je la phobie de ceci ou de cela ? Il faut faire attention bien sûr de ne pas tout interpréter et vouloir tout expliquer, mais on découvre souvent beaucoup de choses sur nous-même à travers des exercices comme ceux proposés par Anne Marchie Jobin.
- mettre en relation passé et présent pour donner des explications à notre comportement actuel et pouvoir commencer à accepter celui-ci dans un premier temps, puis débuter un travail pour évoluer globalement en sachant de quel point on part. C’est un peu comme regarder les épisodes d’un feuilleton tous à la suite. On a vu chaque épisode, chaque semaine, des choses se passaient entre temps, on revenait à l’histoire, mais sans toujours parfois tout comprendre, ou il est même arrivé que l’on manque des épisodes. Aujourd’uhi, on reprend depuis le début, on regarde bien tout le film avec les enchaînements d’événements, et il y a plein de choses qui prennenet alors du sens.
- retenir les enseignements de notre vécu. La pire des choses est de recommencer les mêmes erreurs. Donc, grâce à ce temps de bilan, on tire les leçons du passé, on assimile les données, les bonnes et les moins bonnes directions, et on se préapare ainsi à bâitr un futur plus serein et harmonieux.
- envisager des améliorations. Une fois que l’on a posé les bases, on peut regarder vers l’horizon et se demander ce qu’il faudrait modifier pour que présent et avenir se déroulent au mieux. C’est une phase généralement assez simple à franchir puisque l’on parle de nos rêves, de nos envies, de nos projets. Il faut cependant rester honnête avec soi-même et ne pas placer la barre trop haut, au risque de devoir faire face à des frustrations et des déceptions qui seront difficiles à dépasser.
- passer à l’action. On a des bases solides, on a des objectifs réalistes, alors on y va ! Le journal créatif continue d’avoir un rôle majeur à ce stade puisque c’est par son intermédiaire que l’on va pouvoir appréhender lse changements, les modifications, les ajustements qui vont avoir lieu en cours de route.
Une chose dont on parle généralement assez peu et qui est pourtant cruciale est de revenir en arrière de temps en temps.
Disons, une fois par mois par exemple, relisez une ou deux pages de votre journal créatif d’il y a quelques mois. Regardez où vous en étiez et où vous en êtes aujourd’hui. Vous allez avoir de bien belles surprises !
Aussi, on pense parfois que le journal créatif est une activité quotidienne et que l’on DOIT absolument le faire régulièrement. Oui, et non. Il ne faut pas toujours le remettre au lendemeain bien sûr, mais si on manque un jour par-ci par -là, ce n’est pas plus grave que ça.
Deuxième étape : savoir où je vais
Dans cette seconde phase, on convoque notre imagination pour créer l’existence que l’on mérite, une vie dans laquelle on va se sentir pleinement chez nous.
On sait qu’il est possible que des changements se produisent en cours de route, mais on prépare tout de même notre itinéraire : un petit détour ajoute de l’aventure dans notre voyage, mais on ne veut cependant pas trop se perdre !
Donc :
- on essaie de bien définir nos projets, nos rêves, notre destination. Les envies d’aujourd’hui ne sont peut-être plus celles que l’on avait quand on était enfant. Devrait-on revenir vers celles-ci ? Ou sommes-nous satisfaits de cette évolution ? Peut-être faut-il prendre le temps de repenser nos propres rêves, de modifier nos projets, car de nouvelles données importantes sont apparues. En d’autres termes, on fait une mise à jour de nos aspirations.
- on utilise notre créativité pour créer une vision de cette existence idéale que l’on a en tête. La réalisation d’un ”vision board” à ce stade est une excellente idée. Des mots, des images, des couleurs, des atmosphères, de petits détails, tout est bon pour exprimer ce que l’on ressent en soi.
- on n’oublie pas toutefois de visualiser également les obstacles qui pourraient se trouver sur notre chemin, et bien sûr on tente de penser à des solutions à l’avance. Si on sait qu’une route est souvent enbouteillée, on essaie de prévoir un itinéraire bis.
√Ä l’issue de ces deux phases, il reste encore de nombreuses choses à accomplir, mais on a le sentiment très agréable d’être en charge de notre vie, de tenir le gouvernail, de savoir où l’on s’en va, d’avoir accompli des choses et d’avoir un beau programme devant nous !
Un peu de soutien pour débuter notre journal créatif
On peut décider de se lancer dans l’aventure du journal créatif seul(e). Beaucoup de gens le font.
Mais on peut aussi trouver un peu de soutien dans, par exemple, les viédos et les livres d’une art thérapeute réputée pour son expérience dans le domaine du journal créatif comme Anne Marie Jobin.
Celles et ceux qui ont besoin d’un peu plus d’encadrement pour commencer peuvent rejoindre des ateliers de journal créatif qui leur mettront le pied à l’étrier.
Dans ce cas, souvenez-vous toujours que le partage de ce que vous venez de créer n’est absolument pas obligatoire. On ne partage que ce que l’on souhaite partager. Mais bien sûr, pour avoir des retours constructifs et éclairants sur notre expression créative, il faut s’ouvrir, même un tout petit peu.
Un atelier de journal créatif n’est pas toujours facile à trouver.
Demandez conseil à votre thérapeute si vous en avez un, ou explorez l’option d’un atelier en ligne si rien de ce type ne se déroule dans votre secteur. Ne vous précipitez pas sur la première option venue cependant : choisir un art thérapeute, c’est comme choisir un thérapeute. Il faut trouver le bon !
Conclusion
Pour terminer, nous souhaitons revenir à la simplicité, car un journal créatif ce n’est finalement rien d’autre qu’une écriture, une autre façon d’exprimer les mêmes choses, celles qui sont en vous et définissent votre personnalité. On remplace les mots par des images et des couleurs, mais le principe reste le même. On écrit le livre de notre vie, mais en couleur et avec des illustrations !
Tout le monde peut tenir un journal créatif, il n’y a absolument aucune limitation.